Histoire
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Découvrez l’histoire des tours de La Rochelle, situées au cœur de la ville de La Rochelle : la tour Saint-Nicolas, la tour de la Chaîne et la tour de la Lanterne, emblèmes de la ville depuis le Moyen Âge.
Dressées face à l’Atlantique, les trois tours de La Rochelle, Saint-Nicolas (XIVème siècle), la Chaîne (XIVème siècle) et la Lanterne (XIIème et XVème siècles), sont les vestiges d’un programme de fortifications médiévales de grande ampleur édifiées par la ville.
La tour Saint-Nicolas et la tour de la Chaîne constituent la porte d’entrée du Vieux-Port. Leur fonction est principalement défensive. Une chaîne relie même les deux tours à l’époque ! Elles sont conçues chacune comme un donjon. Dans chaque tour réside un capitaine, nommé par le maire de La Rochelle, avec sa famille, et des soldats sous ses ordres.
La tour de la Lanterne a, quant à elle, plusieurs rôles successifs. Son capitaine contrôle et désarme les navires qui entrent dans le port. Elle sert de phare et d'amer (point de repère maritime) avec sa grande flèche. À partir du XVIème siècle, la Marine Royale la transforme en prison pour les corsaires. Au XIXème siècle, elle devient une prison militaire. Voilà pourquoi vous aurez la surprise d’y découvrir plus de 600 graffitis gravés par les détenus.
Les tours de La Rochelle sont classées monuments historiques depuis 1879. À partir de cette date, des campagnes de restauration se succèdent jusqu’à aujourd’hui encore.
Depuis le sommet de chaque tour, profitez d’un panorama unique sur la ville et l’océan !
La légende raconte que la tour Saint-Nicolas a été construite par la fée Mélusine. Alors qu’elle volait au-dessus de La Rochelle avec les pierres d’un château détruit, son tablier se déchira. Les pierres en tombant les unes sur les autres auraient formé la tour Saint-Nicolas.
Si sa date de construction n’est attestée par aucun document historique, les dernières recherches archéologiques menées indiquent un début des travaux vers 1340.
Des travaux qui commencent mal !
La tour est bâtie sur de longs pieux de chêne enfoncés dans la vase et calés par des pierres. Mais durant sa construction la tour s’enfonce dans ce sol instable et penche vers le Nord-Est. Grâce à l’élargissement de sa base et des fondations, ainsi que l’ajout d’une tour servant de contrefort, elle est renforcée. Elle retrouve son aplomb à partir du deuxième étage.
Il paraît même qu’on projetait de construire une arche entre la tour Saint-Nicolas et la tour de la Chaîne !
La tour est achevée en 1376 et porte alors le nom de « tour de la Chayenne » (chaîne) ou grosse tour de la Chaîne. Depuis, son air penché la rend unique, comme celle de Pise !
Au XVème siècle le nom de la tour est modifié en hommage à Saint-Nicolas, protecteur des marins, des gens de mer… comme le quartier Saint-Nicolas avec son église dont relève la tour.
Elle combine espaces défensifs et résidentiels, avec un système de double circulation.
La tour est conçue dès sa construction pour servir à la fois de résidence pour le capitaine et sa famille, et de défense militaire avec la présence de soldats. Le capitaine prêtait serment de ne jamais quitter la tour pendant l’année où il en avait la charge.
En 1651, lors des combats de la Fronde, le troisième étage est détruit, bombardé par les troupes royales. La tour ne retrouve un toit qu’en 1670.
Après une restauration extérieure sommaire, la tour est ensuite utilisée comme prison pour les protestants à l’époque de la révocation de l’Édit de Nantes (1685), puis pour les Vendéens durant les guerres révolutionnaires (1793-95).
En 1879, la tour Saint-Nicolas est classée monument historique. De 1884 à 1904, elle bénéficie d’une importante restauration.
La tour, propriété des services de l’Armée, est transférée à l’administration des Beaux-Arts en 1905, puis au ministère de la Culture.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la tour Saint-Nicolas est occupée par les soldats de l’armée allemande.
La tour est composée de 5 niveaux, qui s’élèvent sur 42 mètres de hauteur. Et le nombre de marches ? Difficile à compter tant les escaliers s’entremêlent et que vous ne passerez jamais par le même chemin ! En moyenne on compte environ 150 marches à monter et un peu moins pour descendre.
Après l’achèvement de la tour Saint-Nicolas, la ville de La Rochelle fait édifier la tour de la Chaîne au XIVème siècle, de 1382 à 1390. La tour, en forme de cylindre de 15 mètres de diamètre, s’élevait à 34 mètres, surmontée d’un toit en poivrière.
À l’origine, « tour de la Chaîne » désigne un ensemble de bâtiments composé de la grosse tour de la Chaîne et de la petite tour de la Chaîne (face à la tour Saint Nicolas), et d’un corps de bâtiment les reliant. Une grosse chaîne en fer manœuvrée par un treuil permet de contrôler l’accès des navires et de fermer l’accès au port. Retrouvée au fond du port au XIXème siècle, elle est encore visible au pied de la tour.
Comme à la tour Saint-Nicolas, un capitaine réside dans la tour. Il surveille les mouvements des bateaux et le trafic du port. Il fait percevoir les droits et les taxes, dont les armateurs rochelais sont dispensés.
En 1472, la tour reçoit la visite du roi Louis XI. La légende raconte qu’il aurait gravé une inscription sur une vitre de la tour avec le diamant qu’il portait au doigt. La tour devient alors la résidence du gouverneur de la ville.
De 1568 à 1628, La Rochelle est une ville protestante. L’Amiral de Coligny, qui y réside épisodiquement avec les hauts dignitaires protestants, lance l’idée de créer dans la tour un mémorial funéraire protestant.
En 1651, lors de la Fronde, les soldats quittent la tour de la Chaîne en mettant le feu au stock de poudre qui y était déposé. L’explosion détruit les planchers et la toiture. La tour reste ensuite à l’abandon pendant trois siècles.
Au XIXème siècle, la tour est arasée aux 3/4 de sa hauteur. De 1811 à 1824, pour élargir l’entrée du port, la petite tour et le bâtiment attenant sont démolis. À leur emplacement, un bastion est construit.
D’importants travaux de restauration ont lieu aux XXème et XXIème siècles avec la reconstruction d’un chemin de ronde crénelé, la création d’une nouvelle toiture, puis la restitution de deux étages à l’intérieur.
La tour est composée de 4 niveaux, fait 20 mètres de hauteur et compte une soixantaine de marches.
Les origines de la tour de la Lanterne remontent à la fin du XIIème siècle. Située à l’angle du quartier Saint-Jean-du-Perrot, une tour cylindrique de trois niveaux est construite à l’emplacement de la tour actuelle. Le capitaine qui y vit est surnommé « le Désarmeur des nefs » car il est chargé de vérifier que les navires entrent sans armes dans le port. La tour de la Lanterne contrôle l’accès au port primitif de La Rochelle.
Au XVème siècle, la ville de La Rochelle décide de modifier la tour. Les travaux commencent en 1445 et s’achèvent en 1468 grâce au financement du maire Jehan Mérichon. La tour primitive est enveloppée par une nouvelle tour. Mais la belle voûte de la salle basse est heureusement conservée ! La nouvelle tour est surmontée d’une grande flèche servant d’amer pour les navires, et dotée d’une lanterne servant de phare. Des vitres protègent le feu qu’on y allume. D’où le nom de tour de la Lanterne.
À partir du XVIème siècle, la tour sert de prison.
En 1568, pendant les guerres de Religion, treize prêtres catholiques sont massacrés et jetés à la mer.
En 1632, par manque d’entretien, la lanterne s’écroule et la tour perd sa fonction de phare. Aux XVIIème et XVIIIème siècles des prisonniers de guerre y sont enfermés, principalement des marins, des corsaires anglais, hollandais ou espagnols destinés à être échangés contre les corsaires français prisonniers à l’étranger. Des protestants, au moment de la révocation de l’Édit de Nantes (1685), puis des insurgés vendéens en 1793-1795 y sont incarcérés.
La tour de la Lanterne est ensuite utilisée comme prison militaire à partir de 1820. En 1822, les « Quatre Sergents », membres d’un complot visant à renverser le roi Louis XVIII, sont arrêtés à La Rochelle. Deux d’entre eux sont emprisonnés dans la tour. Tous sont guillotinés à Paris.
Les prisonniers ont laissé de nombreux graffiti (plus de 600 répertoriés) qui témoignent de la constitution des flottes de guerre et de commerce et livrent de nombreux détails sur les gréements, les coques et les armements des navires de ces époques.
On trouve également des croix, des noms, des dates, des textes…
Au fil de son histoire, la tour a connu plusieurs dénominations ou surnoms : « tour du Désarmeur des nefs », « tour du Fanal », « tour du Phare », « tour du Garrot », « tour des prêtres », « tour des Quatre Sergents ».
La tour de la Lanterne a été restaurée de 1900 à 1914 avec une galerie recréée à mi-hauteur et la création d’un lanternon néogothique à la place du phare médiéval.
En 1985, dans le cadre d’une commande artistique de l’État, les artistes Jean-Pierre Pincemin (artiste français 1944-2005) et Gottfried Honegger (artiste suisse 1917-2016) créent des œuvres contemporaines encore visibles à ce jour.
De 2013 à 2015, une grande campagne de restauration de la tour est réalisée.
La tour est composée de 8 niveaux et s’élève à 58 mètres. La galerie accessible au public est à 38 mètres de hauteur. Il vous faudra grimper 162 marches pour arriver au sommet. Prêts ? C'est parti !